Insuffisance rénale chronique et alimentation

1 décembre, 2022

Selon les stades de l’insuffisance rénale chronique, il est recommandé de suivre un régime faible en protéines pour protéger les reins et limiter les complications de l’IRC. Le National Kidney Foundation et l’Academy of Nutrition and Dietetics recommandent aux patients atteints d’IRC non diabétiques qui ne sont pas sous dialyse un apport protéique quotidien de 0,55 à 0,6 g/kg de poids corporel, et pour ceux qui sont diabétiques, un apport protéique quotidien de 0,6 à 0,8 g/kg de poids corporel. Cela correspond à un apport en protéines beaucoup plus faible que ce que la plupart des gens consomment généralement.

Pour les patients très motivés, il est aussi possible d’essayer un supplément de céto-analogues combiné à une alimentation végétalienne très faible en protéines (0,28 à 0,43 g/kg poids corporel par jour). Les céto-analogues sont des acides aminés essentiels sans azote. Une alimentation pauvre en acides aminés essentiels peut entraîner une perte de masse musculaire et une charge azotée négative. L’ajout de céto-analogues peut aider à éviter les carences et améliorer l’équilibre azoté. Des recherches récentes ont reconnu plusieurs avantages potentiels du régime à très faible teneur en protéines combiné à une supplémentation de céto-analogues, notamment le ralentissement de la progression de l’IRC, la diminution de la présence de toxines urémiques, la réduction des anomalies électrolytiques et le retardement du besoin de commencer une thérapie de remplacement rénal. Chez les patients choisissant cette avenue, une surveillance clinique serrée avec un médecin et un(e) nutritionniste est primordiale.

Outre l’apport en protéines, il est important de porter attention à certains électrolytes, notamment le sodium, le phosphore et le potassium, dont l’élimination est altérée par la réduction de la fonction rénale et dont l’accumulation entraîne diverses complications, dont l’hyperparathyroïdie, qui se caractérise par un excès d’hormone parathyroïdienne (PTH) dans le sang. La PTH est produite par les parathyroïdes, quatre glandes situées à l’arrière de la thyroïde, et joue un rôle essentiel dans le maintien d’un taux normal de calcium circulant, de la pression artérielle et du rythme cardiaque.

Une alimentation faible en sodium est essentielle pour réduire la tension artérielle et la protéinurie, et aider à préserver la fonction rénale. Un apport quotidien maximal de 2300 mg de sodium est recommandé. Pour ce faire, le sel de table doit être remplacé par des substituts à base d’épices, et les aliments transformés de même que les repas de restauration rapide doivent être grandement limités.

Dans certains cas, il peut être recommandé d’ajuster l’apport alimentaire en phosphore et/ou en potassium pour maintenir les niveaux normaux sériques. Il est raisonnable, lors de la prise de décision concernant la restriction du phosphore, de tenir compte de la biodisponibilité des sources de phosphore. Ainsi, il est surtout recommandé de limiter les sources animales de phosphore (ex. produits laitiers) et provenant d’additifs alimentaires (ex. phosphate de sodium, tripolyphosphate de sodium et acide phosphorique, retrouvés entre autres dans les boissons gazeuses, charcuteries, repas congelés, mélanges déshydratés et la restauration rapide) plutôt que les sources végétales. Le potassium se retrouve dans de nombreux fruits et légumes. Si le taux sanguin de potassium est trop élevé, il est recommandé de choisir ses fruits et légumes parmi ceux qui sont plus faibles en potassium.

Conclusion

Étant donné la variabilité des états de la fonction rénale résiduelle et la complexité des différentes thérapies diététiques, il est toujours conseillé de consulter une nutritionniste/diététiste specialisée afin de maintenir une alimentation variée et équilibrée.

Références

1. Charles et coll (2020) Chronic Kidney Disease. Prim Care;47(4):585-59

2. Ammirati, Chronic Kidney Disease. Rev Assoc Med Bras (1992). 2020

3. Ikizler et coll. (2020) KDOQI Clinical Practice Guidelines for Nutrition in CKD: 2020 Update. AJKD; 73(3): S1-107.

4. Gluba-Brzózka, Franczyk et Rysz (2017) Vegetarian Diet in Chronic Kidney Disease—A Friend or Foe. Nutrients; 9 (374)

5. Binetti, Marcelli et Baisi, Manuale di nutrizione clinica e scienze dietetiche applicate. Società Editrice Universo 2016

6. https://www.edtnaerca.org/

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Auteur

Antonella Giordano
Antonella cumule 2 titres professionnels en nutrition car elle détient un bac en Sciences Alimentaires (Université de Gênes) et une maîtrise en Nutrition (Université de Bologne). De plus elle est biologiste (Université de Florence). Elle est membre de l'Ordre des biologistes (ONB) depuis 2013 et membre du SINU. Passionnée par les questions de psycho-nutrition, son objectif est d'aider ses patients à trouver un équilibre et un rapport sain et correct avec la nourriture et avec leur corps, sans jamais oublier que choisir ce que l'on mange est un acte important pour nous-mêmes, pour ceux qui nous entourent et pour le monde qui nous héberge.

2 commentaires à “Insuffisance rénale chronique et alimentation”

16 décembre, 2022 Ginette PREMEL dit:

Bonjour,
Voilà une proposition qui va rendre service à beaucoup de personnes.
Je l’ai souhaitée moi_même il a un bon moment.
Cela pourrait m’intéresser mais j’ai beaucoup perdu l’envie de faire à manger tant cela me semble compliqué

Cinzia Cuneo
16 décembre, 2022 Cinzia Cuneo dit:

Bonjour Ginette,
Merci de votre commentaire. On peut rendre le tout moins compliqué que vous le croyez.

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